#25 Les mots celtiques empruntés par le latin (et passés en français)

Des envahisseurs celtiques dans la langue latine…

Statue du Galate mourant, Ier siècle av. JC, Rome, Musée du Capitole – wikipedia

Quels sont les mots que le gaulois, langue celtique continentale, a laissés en français ?

Évoquons d’abord les mots gaulois entrés en latin, souvent avant même les conquêtes de César. Ces mots se sont pleinement intégrés au latin vulgaire et font partie du fonds lexical commun au langues romanes (espagnol, portugais, français, occitan, italien, etc.).

Différentes raisons ont fait que le latin a emprunté ces mots au gaulois.

Le contact entre populations celtiques et romaines est ancien, notamment par la guerre. Citons les invasions gauloises de Brennus sur Rome en -391. La Gaule cisalpine (qui correspond à la Vallée du Pô) a été conquise dès -191 et la Gaule Narbonnaise (Provincia) en -118. Cela a entraîné l’absorption dans l’Empire de populations nombreuses de langue gauloise.

Les relations commerciales : les Gaulois étaient réputés être d’excellents artisans. Dans les domaines où ils excellaient (travail du bois et du fer), leurs mots et technologies se sont logiquement imposés, de même que nous utilisons l’anglais pour les smartphones et autres iphones : carrus (« char »), carruca (« charrue »), carpentum (« charpente »), barrica (« tonneau », dont les Gaulois sont les inventeurs) ou stannum (« étain »).

Un autre emprunt témoigne de relations commerciales importantes : cambium « change monétaire » et cambiare « (é)changer » en latin vulgaire, issu du gaulois kambiom « change monétaire ». Cambiare s’est imposé dans toutes les langues romanes.

La présence de nombreux mercenaires gaulois (guerriers réputés) peut être aussi mentionnée. Gladius « glaive » ou lancea « lance » sont typiquement des mots d’origine gauloise qui aurait pu être transmis par des mercenaires, de même que caballus « cheval » (les cavaliers gaulois étaient nombreux dans les armées romaines).

Des mercenaires, des esclaves ou tout simplement des voyageurs gaulois (catégories sociales à forte influence sur le langage populaire) pourraient aussi être à l’origine de l’apparition en latin vulgaire de mots aussi commun que camminus « chemin », cervesa « cervoise », baccinus « bassin », vassus (« serviteur », d’où vassal).

Des noms d’animaux et de plantes comme camox « chamois », alauda « alouette », salmo « saumon » ou betula « bouleau » ont été empruntés sans doute parce qu’ils étaient endémiques ou particulièrement présents dans les zones peuplées par les Gaulois.

Quant aux mots latins équivalents, ils n’ont en général pas disparu, mais se sont spécialisés dans des sens ou registres spécifiques : changer/muter (mutare), chemin/itinéraire (iter), bassin/piscine (piscina).

Histoire de mots #25

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