

Parys est entourée de Gauloys !
Issy, Ivry, Savigny, Cergy, etc. Vous êtes-vous déjà demandé d’où venait ce –y qu’on retrouve partout dans les toponymes du Bassin Parisien et de la moitié nord de la France ?
Eh bien c’est à l’origine un suffixe gaulois. –Y remonte au latin –iacum, *-iacu en gallo-roman, qui signifie « le domaine, la propriété de ». Il est issu d’un suffixe d’adjectif gaulois *–akon, qui correspond aux suffixes –eg en breton et –og en gallois. C’est un suffixe qui sert à à former des noms de lieux à partir de noms de personnes.
Généralement, -iacum s’ajoute au nom du propriétaire d’un domaine agricole. Ces noms peuvent être d’origine latine : Savigny de Sabin-iacum « domaine de Sabinus », Antony de Anton-iacum « domaine d’Antonius », Drancy de Terent-iacum « domaine de Térence », Vitry de Victor-iacum « domaine de Victorius ». Ces noms peuvent aussi être celtiques : Chambourcy de Camburciacus « domaine de Camburcos ». Ou encore Brétigny de Britiniacum « le domaine du Breton ».
Ce suffixe peut aussi s’ajouter à des noms communs gaulois : Ivry et Evry, de Ebur-iacum « domaine des ifs ».
-Iacum a évolué phonétiquement en –y, notamment dans le bassin parisien. On trouve trace du –i dans la palatalisation de la consonne précédente (-liacum> -lly ex. Milly, -niacum > -gny ex. Gagny, etc.).
Les noms de lieux en –y signalent donc la présence d’anciens domaines agricoles gallo-romans : la fréquence de ce suffixe nous donne ainsi des indications sur l’importance de l’activité agricole dans une zone donnée. Le bassin parisien, extrêmement fertile, apparaît comme déjà intensément cultYvé et peuplé à l’époque gallo-romaine.
Ce suffixe a servi à former des toponymes dans l’ancienne zone de peuplement gaulois, en France et au-delà. Au gré des évolutions phonétiques locales, -iacum a pris différentes formes : -ay (Massay, Savenay), -é dans l’Ouest (Vitré, Dangé, Sévigné), -ac dans le midi occitan (Aurillac, Figeac, Gaillac, etc.) et en Bretagne sud (Loudéac, Carnac) ou encore –eu(x) dans la zone franco-provençale (Vénissieux, Meyzieu, etc.).
L’usage du <y> final au lieu du <i> est dû à une ancienne convention orthographique qui voulait que les /i/ finaux soient notés avec <y>. Cette convention a été maintenue en français pour les noms propres et les toponymes, mais a été conservée en anglais pour toutes les formes (happy, charity, etc.).
Histoires de mots #30

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