Il y a quelques jours, on m’a demandé quelle était l’étymologie d’Épiphanie. Ça n’a rien à voir avec des gâteaux ou des Rois.

ÉPIPHANIE est l’adaptation en français du grec ancien Ἐπιφάνεια/EPIPHANEIA « manifestation, apparition », emprunté en latin sous la forme EPIPHANIA.
En grec, EPIPHANEIA est un nom dérivé de l’adjectif EPIPHANES « brillant, illustre », lui-même dérivé du verbe EPI-PHAINO « éclairer, manifester », composé de deux éléments : le préfixe EPI- « sur » et le verbe PHAINO « briller, montrer ». En grec, les douze dieux de l’Olympe sont dits épiphanes, c’est-à-dire « apparus, lumineux ».
C’est donc la racine de la lumière, de l’éclat qu’on a dans ÉPIPHANIE, celle qu’on retrouve dans théophanie, phénomène, diaphane et tant d’autres mots.
Car oui, dans l’Antiquité, l’EPIPHANIE était déjà une fête païenne de la lumière. Chez les Grecs et les Romains, c’était la fête qui venait clore les festivités du solstice d’hiver (les Saturnales à Rome) commencée le 20-24 décembre. Le 06 janvier, on considérait que la lumière avait définitivement vaincu les ténèbres.

C’est cette fête et cette symbolique de victoire de la lumière que les Chrétiens ont repris dès le IIIème siècle pour célébrer la Manifestation au monde de Jésus Christ, symbolisée par l’adoration des trois rois Mages, qui incarnent l’humanité toute entière – même s’ils viennent d’Orient (= Perse, Mésopotamie).
Lors de l’Épiphanie on fête aussi (même si peu le savent) le baptême de Jésus et les miracles des noces de Cana : le début du ministère public du Christ, sa manifestation au monde, en somme. Chez les Orthodoxes et les Églises de tradition orientale, l’Épiphanie est la fête du baptême du Christ – et est même une fête plus importante que Noël.
On peut encore retrouver, dans certains emplois très littéraires épiphanie utilisé comme nom commun pour parler de la prise de conscience soudaine et lumineuse de quelque chose : p.ex. « l’épiphanie de la vérité ».
Quant à la coutume de manger des gâteaux, elle existait déjà chez les Romains ! Ces derniers avaient pour usage de partager un gâteau dans le quel était caché une vraie fève. Celui qui tombait sur la fève devenait Roi des Saturnales (Princeps Saturnalium) et avait le droit d’obtenir tout ce qu’il souhaitait pendant une journée !
Histoire de mots #58

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