L’incarcération d’un certain Nicolas S. a fait les unes cette semaine. Prison, incarcération, taule. Essayons de faire le clair étymologique sur ces événements.

1ère station : la prison de Nicolas S. par la police dans les rues d’Auteuil. PRISON a ici le sens de « capture » du prisonnier, qu’il avait en ancien français. PRISON est issu du latin PREHENSIONE(M) (comme dans appréhension), qui signifie en latin « la prise ». C’est la même racine que dans PRENDRE.
En ancien français, PREHENSIO se contracte en PREISON, puis en PRISON – sous l’influence de PRIS, avec lequel une parenté étymologique était toujours sentie. De « capture », PRISON évolue pour désigner l’« état dans lequel est la personne capturée ».
Par métonymie toujours (vous allez finir par retenir ce terme), PRISON (XIème siècle) en vient à signifier « le lieu dans lequel est retenue la personne capturée ». Ainsi, Nicolas S. a été transféré en prison.
Deuxième station : l’incarcération de Nicolas S. INCARCERATION est un emprunt savant au latin médiéval INCARCERATIO, du radical CARCER « prison ». Avec le préfixe in- (dedans) et le suffixe d’action -tio, INCARCERATION signifie littéralement l’action de mettre en prison. Ce mot a survécu en ancien français sous la forme CHARTRE (aucun rapport avec Chartres), qui a ensuite été remplacé par PRISON.
Troisième station : Nicolas S. devient un TAULARD. Il est en TAULE. On avance, pour expliquer TAULE, l’étymon ESTAULE, forme picarde d’ETABLE. ESTAULE se serait ensuite réduit en TAULE.
TAULE apparaît au XIXème siècle. Par transfert du domaine animal au domaine humain (cf. crécher), typique des usages familiers, TAULE désigne la maison, la chambre. Dans un usage argotique, TAULE prend la signification de « maison de prostitution » et de « prison » (domaine par excellence de l’argot).
Le suffixe de personne dépréciatif et familier -ard est ajouté à TAULE. Le monde de la prison n’est pas un monde d’amabilité. Il est plutôt aimable comme une porte de prison.
Quatrième station : Nicolas S. est insulté par la « racaille ». Ce n’est ici pas le lieu de faire l’étymologie de ce mot. Mais nous pouvons juste retenir que Nicolas S. retrouve sa chère racaille, ou du moins ceux qu’il désignait comme tels ! Karma…
Non, aucune Schadenfreude dans cette analyse 😉

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