#24 Combien de mots le gaulois a-t-il légué au français?

Le gaulois, qui désigne en fait un ensemble de variétés dialectales celtiques intercompréhensibles, est la langue que parlait la population de la Fance actuelle (sauf en Aquitaine) au moment de la conquête romaine. Quand les Gaulois sont passés au latin, ils ont dû garder des mots, des prononciations, des tournures issues du gaulois : un accent gaulois qui a laissé des traces dans le français en devenir.

Combien de mots le latin parlé dans le centre-nord de la Gaule, devenu ensuite le français, a gardé du gaulois ? 150 estime-t-on souvent. Ça semble peu.

Le décompte est difficile car le gaulois a laissé peu de traces écrites. L’origine gauloise de beaucoup de mots n’est qu’hypothétique : blé, battre, jambe, bachelier, etc. Ce qui complique les choses, c’est que ces mots sont entrés en latin vulgaire, pas en latin écrit, et sont donc mal attestés à l’époque romaine.

En outre, parmi ces 150 mots, beaucoup sont désuets ou très spécialisés : alise, vouge, vandoise, vavasseur, sayon, etc.

Nos fameux ancêtres les Gaulois nous auraient donc légué moins de mots que l’arabe (500) ou le néerlandais (250) !

Ils nous en ont légué en fait bien plus. Tout dépend de la façon dont on compte.

Les mots simples d’origine gauloise ? Dans ce cas-là, c’est vrai, on arrive à un petit total d’environ 150 mots.

Si on ajoute leurs dérivés, on arrive à un total beaucoup plus haut, peut-être de l’ordre de 1000. Prenons l’exemple de l’étymon latin tonna « récipient », dérivé du gaulois *tunna (« outre ») , qui a donné en français :

• tonne, tonnage, kilotonne, etc.

• tonneau (diminutif de tonne), tonnelier, tonnellerie, tonnelle, tonnelet

• tunnel (réemprunt à l’anglais), tunnelier, et les termes techniques bitunnel, nano-tunnel, etc.

Ou bien cambiare « changer », du gaulois *kambiom « change (monétaire) » , qui a donné : changer, échanger interchanger, change, échange, changeur, changeable, changement.

Or tonneau et changer sont comptés chacun comme un seul mot d’origine gauloise, malgré leurs nombreux dérivés.

La situation se complique si on y ajoute des mots régionaux comme vergne « aulne », baume « grotte » (en occitan).

Faut-il encore compter les gentilés issus de toponymes d’origine gauloise (parisien, lyonnais, poitevin, etc.) ?

Faut-il enfin compter les antonomases issues de toponymes gaulois. Les fromages : cantal, reblochon, etc. ; ou les vins : bordeaux, chablis, cahors, etc. ?

On finit avec un total de probablement plusieurs milliers de mots gaulois en français. Des mots souvent très courants, avec beaucoup de dérivés.

Histoire de mots #24

Laisser un commentaire